As-tu déjà ressenti une forme de honte après t’être masturbé·e?
Si oui, tu n’es pas le/la seul·e!
Depuis des siècles, la masturbation a été entourée de tabous et de honte, menant à la désinformation et à la confusion. Il est temps de briser les barrières et de parler ouvertement de cet aspect important et sain de la sexualité humaine.
Nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec Andréanne Lapointe, cofondatrice de Just a little fun, ainsi que Anne-Claudel Parr, sexologue et rédactrice chez la même entreprise. Dans une approche sex positive, elles ont démystifié la masturbation féminine pour qu’on puisse oser notre plaisir ; un puissant acte d’émancipation dans une société patriarcale où la sexualité est encore contrôlée par les normes sociales.
💡 Cet article est un récapitulatif des Tables Rouges organisées par Mme L'Ovary. La parole est entièrement laissée aux expert·es invité·es, ainsi qu’à la communauté présente. Ces propos sont le reflet d'opinions et en aucun cas, ne doivent être considérés comme des recommandations médicales.
Le fameux point G : ça existe vraiment ?
Surprise surprise : le point G n’existe pas! Ou du moins, on devrait plutôt parler de la « zone G ».
En effet, contrairement à une croyance répandue, le « point G » n’est pas une structure anatomique en soi, comme le sont une oreille ou un nez. Comme Anne-Claudel le dit si bien, « il n’y a donc pas de bouton magique qu’il s’agit de trouver dans un vagin ».
Le « point G » est en fait un endroit qui est composé de plusieurs structures anatomiques. Parmi elles, le clitoris. Et oui, encore cet organe bien-aimé responsable du plaisir! Ce que l’on voit du clitoris à l'œil nu n’est que la pointe de l’iceberg : ses bulbes d’environ 13 cm de long prennent racines à l’intérieur du corps.
On parle donc du complexe clitoro-urétro-vaginal. Tu l’auras compris : clitoro, parce que ce sont les bulbes du clitoris gorgés de sang qui seront stimulés ; urétro parce que la zone G longe l’urètre ; et vaginal car c’est par le vagin qu’on peut l’atteindre.
Alors c’est où exactement, cette zone ?
Si tu avais un GPS pour trouver ta zone G (ou celui de tan partenaire), voici grosso modo ce qu’il te dirait :
- Insère un doigt à environ 3-5 cm de l’entrée du vagin (et non, ce n’est pas si loin!)
- Tu devrais d’abord sentir une zone plus lisse, et ensuite ça devient plus dur et rugueux. C’est là que le fun commence!
- La zone G est située environ à mi-chemin entre l’arrière de l’os pubien et le col de l’utérus, longeant l’urètre.
- Voilà, tu es arrivé·e à destination!
Maintenant que tu l’as trouvée, on te guide pour en retirer du plaisir.
Comment stimuler le point G ?
- Fais monter l’excitation en stimulant le clitoris externe : le build up sexuel, c’est un gros turn on, on ne t’apprend rien. Mais aussi, ça permet aux bulbes du clitoris de se gorger de sang, ce qui t’aidera à trouver la zone G.
- Insère un (ou deux) doigts pour commencer.
- Fais un mouvement de “come here” avec ton doigt. On croirait que ce sont les mouvements de va-et-vient qui stimuleraient la zone G, mais non! Ce sont plutôt les mouvements répétitifs pointés vers le haut.
- Tu peux mettre une main sur le pubis pour accentuer la pression.
Bien sûr, tout le monde est différent! Théoriquement, les personnes équipées d’un appareil génital féminin ont toutes les structures anatomiques pour stimuler leur zone G, mais en pratique, elles ne parviendront pas toutes à le faire. Et c’est absolument correct.
Différence entre éjaculation et squirting
La stimulation de la zone G peut donner lieu à l’éjaculation féminine ou bien au squirting.
Durant l’éjaculation, la quantité de liquide qui sera expulsé est minime (on parle de 1 à 5 ml, tu ne t’en rendras peut-être même pas compte). Il s’agit d’un liquide plus épais, blanc, opaque et au goût sucré. Si tu as la dent sucrée, n’hésite pas à y goûter!
Le squirting, quant à lui, a longtemps été associé au pipi. Ce n’est pas tout à fait vrai! C’est en effet la vessie qui se remplit, mais pas d’urine : le squirt est un liquide inodore et incolore, qui ressemble davantage à de l’eau. Lors du squirting, la quantité de liquide expulsée peut aller jusqu’à 300 ml, ce qui équivaut à un grand verre d’eau.
Note bien :
- Stimuler la zone G peut ou non mener à l’éjaculation et/ou au squirting.
- L’un ou l’autre des phénomènes peut ou non être accompagné d’un orgasme.
- Le squirting peut mener au 7ième ciel, mais peut aussi être une expérience désagréable. Toutes les expériences sont valides.
- Pssst! Il est aussi normal de ressentir une envie d’uriner lorsque tu squirt.
Petit guide pour choisir le bon jouet sexuel
Les jouets sexuels peuvent être des alliés pour explorer ton plaisir, seul·e ou avec un·e/des partenaire/s. Toujours fidèles au poste, ils t’en feront voir de toutes les couleurs! Et surtout, ils te permettront d’explorer TES propres couleurs.
Parmi l’océan de possibilités des jouets sexuels, on te comprend de ne pas savoir où donner de la tête! Pour choisir LE bon, il faut d’abord se poser les bonnes questions :
- Quel type de stimulation désires-tu ?
Externe, interne ou les deux?
Contact ciblé ou plus large?
- Quelle utilisation veux-tu en faire ?
Seul·e, à deux ou versatile?
Pour s’entraîner le plancher pelvien?
- Quelles caractéristiques spécifiques recherches-tu?
Discret? Avec une manette à distance? Imperméable?
- Est-ce que le jouet a différents niveaux de puissance?
Tu veux opter pour un jouet qui offre plusieurs options d’intensité ou de vitesse pour te permettre de trouver le fit parfait pour tes besoins et ta sensibilité.
- De quel matériel le jouet est-il fait?
Il est important de regarder la qualité du matériel, surtout pour la pénétration et d’autant plus pour la pénétration anale. Le silicone de qualité médicale est ton go to!
L’équipe de Just a little fun a créé un guide complet pour t’aider à choisir le jouet sexuel de tes rêves. Have fun dans ton exploration!
À quelle fréquence se masturber ?
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse à cette question. On aurait tendance à dire le plus souvent le mieux, puisque la masturbation a de nombreux bienfaits sur la santé mentale et physique (on t’en parle juste après).
On est plusieurs à se demander à quelle fréquence se masturber avec un jouet. L’important n’est pas la fréquence de ce moment de self love, mais bien de varier la manière dont on se masturbe afin d’éviter une trop forte habituation. Tu peux essayer différentes positions (allongé·e dans ton lit, debout dans la douche, etc.), varier la forme de stimulation (stimulation du clito externe, du point G, anale, etc.).
Le but est d’essayer de ne pas être dépendant·e et fidèle à un seul jouet. Pour le reste, le but de la masturbation est simplement d’avoir du plaisir, selon tes préférences (et celles de tan partenaire si iel est impliqué·e bien sûr)!
Les bienfaits de la masturbation sur la santé mentale et physique
Outre le plaisir que la masturbation procure, ce moment en tête-à-tête avec toi a aussi des répercussions positives sur ta santé. Voici quelques raisons pour l’intégrer à ta routine.
Ça aide à réapprivoiser son corps
Dans une société qui nous met constamment de la pression et qui nous apprend à cacher nos corps de femmes, se masturber est une manière de nous reconnecter à nos corps.
Ça permet d’établir ses préférences
Lorsqu’on sait ce qui nous fait plaisir, il est ensuite plus facile de communiquer nos désirs et nos besoins à nos partenaires pour mieux les guider.
Ça diminue le stress
Lors de l’orgasme, on sécrète de l’endorphine, que l’on nomme aussi l’hormone du bonheur. Merci à cette hormone magique pour le moment détente et le sentiment de bien-être!
Ça favorise le sommeil
Rien de mieux qu’une p’tite vite pour relâcher les tensions de la journée et mieux dormir!
Ça renforce le système immunitaire
La masturbation permet à notre corps d’augmenter la production de globules blancs qui sont indispensables pour combattre les virus.
Ça augmente la libido
Plus on se touche, plus on a envie de s’activer sexuellement. Cercle de plaisir!
Masturbation et menstruations : en faire un bon duo
Plusieurs personnes sont encore repoussées à l’idée de se toucher pendant cette phase du cycle (c’est normal, après des années de conditionnement à cacher notre sang à tout prix). Pourtant, la masturbation est un excellent moyen de non seulement accueillir notre sang et d’approfondir notre intimité avec nous-même, mais également de diminuer les crampes menstruelles.
Voici quelques conseils pour marier plaisir et menstruations:
- Commence par déconstruire peu à peu la honte liée à ton sang menstruel : pour se faire, il existe différents rituels de lunes que tu peux essayer pour accueillir tes menstruations dans plus de bienveillance.
- Essaie dans la douche : si tu as peur de te salir, la douche est ton endroit de prédilection! Tu peux même y amener un jouet imperméable pour encore plus de fun ;-)
- La serviette foncée sur le lit est ta meilleure amie : on ne s’empêchera pas de jouir du confort de notre lit lorsqu’on a envie de se toucher en étant menstrué·e!
- Opte pour des jouets sexuels externes, comme le Gourmet : si tu utilises des jouets internes, assure-toi de bien les nettoyer avant et après ta séance.
- Touche-toi par-dessus tes culottes menstruelles : aucun risque de salir tes draps! Et le contact indirect est parfait pour les clitoris plus sensibles.
Finalement, il n’y a rien de négatif ni aucun risque à se masturber. Non, ce n’est pas vrai que tu vas devenir sourd·e à force de te donner du plaisir, sois bien rassuré·e!
Si tu as intériorisée une forme de honte ou de culpabilité, pose-toi la question : d’où provient-elle ? Est-ce de la pornographie ? De tes parents ? De ton éducation ? En mettant le doigt sur la source de ce sentiment négatif, tu vas pouvoir te réapproprier ton plaisir petit à petit.
Tu mérites des orgasmes à volonté, et personne n’est mieux placé·e que toi pour t’en donner ;-)
Quelques ressources
- Just a little fun : Site web, Instagram, Facebook
- Comment squirter : Première partie, Deuxième partie
- Jouets pour stimuler le point G : Tango, Cancún, Murmure
- Quizz du portrait sexuel