Le trouble dysphorique prémenstruel démystifié
Allo, belle âme.
Te sens-tu parfois submergée par des émotions intenses, des sautes d'humeur inexplicables et une sensation générale de mal-être profond avant tes règles?
Sache que tu n'es pas seule.
Si, au-delà de ça, ces symptômes t’empêchent de vivre ta vie normalement, tu souffres peut-être de ce qu’on appelle le trouble dysphorique prémenstruel (TDPM), un problème neuroendocrinien encore trop peu connu de toutes et tous.
Chez nos voisins du sud, aux États-Unis, le mois d’avril est consacré à la sensibilisation au trouble dysphorique prémenstruel.
Nous sautons donc sur l’occasion pour faire la lumière sur cette condition qui peut gravement affecter la qualité de vie des personnes qui en souffrent, ainsi que celle de leurs proches.
D’abord, comprendre le syndrome prémenstruel (SPM)
Avant de plonger dans le trouble prémenstruel dysphorique (TDPM), assurons-nous de comprendre ce qu'est le syndrome prémenstruel (SPM).
Le SPM, qui affecterait environ 75 % des personnes menstruées, englobe une gamme de symptômes physiques, émotionnels et comportementaux dont les principaux sont les suivants :
- Des symptômes physiques comme des douleurs abdominales ou des crampes, des ballonnements, une sensibilité mammaire, des maux de tête ou des migraines, une fatigue accrue, de la rétention d'eau (qui donne le sentiment d’être «gonflée»), de l’acné ou d’autres problèmes de peau;
- Des symptômes émotionnels comme de l’irritabilité, de l’anxiété, des sautes d'humeur, des crises de larmes, une dépression légère, de la nervosité ou de la tension;
- Des symptômes comportementaux comme de la difficulté à se concentrer, des changements d'appétit, des envies alimentaires spécifiques ou cravings (souvent de la malbouffe), de l’insomnie ou un sommeil excessif, une diminution de l'intérêt pour les activités habituelles.
Bien entendu, cette liste n’est pas complète.
Ces symptômes surviennent généralement lors de la phase lutéale du cycle menstruel, soit entre l’ovulation et les règles, mais ils peuvent parfois commencer jusqu’à deux semaines avant le jour 1 et perdurer jusqu’au jour 6 des menstruations.
Ils ne sont pas nécessairement tous présents pendant le SPM, et ils peuvent varier en intensité d’un cycle menstruel à l’autre.
Les symptômes du SPM, bien que désagréables, n’ont en général pas (ou peu) d’impact direct et persistant sur la vie des personnes qui le vivent.
C’est d’ailleurs sur cette nuance que tout se joue.
Qu'est-ce que le trouble dysphorique prémenstruel (TDPM)?
Le trouble (ou syndrome) dysphorique prémenstruel est une forme sévère de SPM, caractérisée par une intensité marquée des symptômes émotionnels généralement associés au SPM, qui a des répercussions importantes sur la vie de celles qui en souffrent. Voici les principaux symptômes.
Une dépression profonde
Les personnes atteintes de trouble dysphorique prémenstruel peuvent ressentir une dépression sévère qui interfère inévitablement avec leur capacité à fonctionner normalement au quotidien. Cette dépression peut être persistante et entraîner des sentiments de désespoir, de découragement et de désespoir.
Une anxiété extrême
En plus de la dépression profonde, l'anxiété peut être un symptôme majeur de la dysphorie prémenstruelle.
Les personnes atteintes de ce trouble peuvent ressentir une anxiété extrême qui se manifeste notamment par des attaques de panique, une nervosité constante et une appréhension généralisée.
Des sautes d’humeur sévères
Les sautes d'humeur d’une personne aux prises avec un trouble dysphorique prémenstruel sont plus prononcées et plus sévères que celles observées dans le cadre d’un SPM.
Cette personne peut passer d'un état émotionnel à un autre en un claquement de doigts, et ça peut être très déstabilisant pour elle-même ainsi que pour son entourage.
Des tensions relationnelles
Les symptômes émotionnels du trouble dysphorique prémenstruel peuvent entraîner des tensions significatives dans les relations personnelles, y compris avec les partenaires, la famille et les amis.
Il peut être difficile de garder des relations saines pour une personne qui en souffre, entraînant chez elle un profond sentiment de solitude susceptible de contribuer à sa détresse émotionnelle.
Des pensées suicidaires
Enfin, les pensées suicidaires sont malheureusement courantes chez les personnes atteintes du syndrome dysphorique prémenstruel.
Ces pensées peuvent être envahissantes et difficiles à contrôler, et même nécessiter une intervention médicale immédiate.
Le trouble dysphorique prémenstruel est moins fréquent que le SPM, mais on estime qu'environ 3 % à 8 % des personnes menstruées en souffrent.
Ce qu’il faut retenir, c’est que le TDPM se distingue du SPM par l'intensité et la gravité des symptômes. Alors que le SPM peut être difficile mais gérable, le TDPM est débilitant et cause des problèmes dans la vie des personnes qui le vivent.
Si tu penses être affecté.e par cette condition, nous t’encourageons fortement à consulter un.e professionnel.le de la santé, qui te fera sans doute passer un examen médical complet.
Cela lui permettra d’exclure toute autre condition médicale qui pourrait causer des symptômes similaires, comme une dépression clinique, un trouble bipolaire ou un simple déséquilibre hormonal, avant de poser son diagnostic, le cas échéant.
Existe-t-il un traitement pour le trouble dysphorique prémenstruel?
Lorsqu'un diagnostic de trouble dysphorique prémenstruel est posé, plusieurs options de traitement peuvent être envisagées en fonction de la sévérité des symptômes et des préférences spécifiques de la personne concernée. On peut notamment suggérer :
Une thérapie cognitivo-comportementale (TCC)
La thérapie cognitivo-comportementale est une forme de psychothérapie reconnue comme étant efficace pour traiter les symptômes émotionnels de la dysphorie prémenstruelle comme la dépression, l'anxiété et les pensées suicidaires.
Elle aide la personne à identifier et à modifier les schémas de pensée négatifs et les comportements nocifs qui jouent un rôle dans l’intensité des symptômes qu’elle ressent.
Des médicaments antidépresseurs
Certains antidépresseurs comme que les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) ou les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNa) peuvent être prescrits pour traiter la dépression et l'anxiété associées au trouble dysphorique prémenstruel.
Ces médicaments peuvent aider à réguler les neurotransmetteurs dans le cerveau et atténuer l’intensité des symptômes émotionnels.
Des contraceptifs hormonaux
Certains contraceptifs hormonaux comme les pilules contraceptives combinées ou les stérilets hormonaux peuvent aider à réguler les fluctuations hormonales responsables des symptômes du TDPM.
Ils peuvent également réduire la gravité des sautes d'humeur et des symptômes physiques associés aux règles.
Des suppléments nutritionnels
Certains suppléments, notamment le calcium, le magnésium et la vitamine B6, ont été étudiés pour leur efficacité potentielle dans le soulagement des symptômes du TDPM.
Nous recommandons toutefois de demander l’avis d’un.e médecin avant de prendre tout supplément afin de s’assurer de son utilité et de sa compatibilité avec d’autres médicaments.
Des changements à apporter à son mode de vie
Adopter de saines habitudes de vie peut grandement aider à atténuer les symptômes du trouble dysphorique prémenstruel.
Faire de l’exercice physique régulièrement, gérer son stress en faisant du yoga et de la méditation, adopter un régime alimentaire équilibré riche en aliments bruts (fruits, légumes et grains entiers) et dormir de manière suffisante et régulière sont les exemples les plus évidents.
En fait, que l’on souffre de TDPM ou non, ce sont toutes d’excellentes habitudes à mettre en place pour optimiser sa qualité de vie.
Avant d’entamer un plan de traitement, il est important que tu consultes un.e professionnel.le de la santé pour discuter de toutes les options possibles dans ta situation. Si ça se trouve, peut-être qu’une combinaison de différentes approches sera la solution pour toi.
Pour faciliter l’évaluation, nous t’encourageons à tenir un journal de bord de tes symptômes, ainsi tu ne risques pas d’en oublier une fois dans le cabinet médical.
Peut-on établir un lien entre le TDPM et d'autres conditions médicales?
Tu te demandes peut-être s'il y a un lien entre le TDPM et d'autres conditions médicales comme le TDA/H, l'endométriose ou le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK)?
Bien que des recherches soient en cours au moment de la rédaction de cet article, certaines études suggèrent une corrélation entre le TDPM et le TDA/H.
En effet, les fluctuations hormonales associées au cycle menstruel pourraient influencer les neurotransmetteurs dans le cerveau, aggravant ainsi potentiellement les symptômes du TDAH chez certaines personnes menstruées pendant la phase prémenstruelle.
Toutefois, la nature exacte de cette relation resterait à clarifier.
Pour l'endométriose et le SOPK, les liens sont beaucoup moins clairs et aucune conclusion ne peut être tirée jusqu’à maintenant.
Prends soin de toi
Bien que le trouble de dysphorie prémenstruelle ne soit pas un problème de santé mentale à proprement parler, ses symptômes se manifestent sans contredit sur le plan psychologique, et ses conséquences peuvent être graves, voire dramatiques.
Si tu te trouves aux prises avec des pensées suicidaires ou si tu as besoin d'une assistance immédiate, n'hésite pas à composer le 911.
Tu n'es pas seule dans cette lutte, et il existe des ressources et un soutien disponibles pour t'aider à traverser cette période difficile.
Ne reste pas dans l’ombre. Tu mérites d’être entendue et soutenue, et ta phase lutéale n’a pas à être synonyme de détresse psychologique chaque mois.
With L’Ove.
Sources :
Syndrome prémenstruel - Gynécologie et obstétrique - Édition professionnelle du Manuel MSD
Syndrome prémenstruel (SPM) – Tes Règles
Le trouble dysphorique prémenstruel : une souffrance méconnue
