Une Écoféministe, ça mange quoi en hiver?
La thèse principale de l’écoféminisme est simple. L’exploitation des femmes dans le monde est indissociable de celle de la nature et on ne peut améliorer la condition des unes sans panser les blessures de l’autre. En d’autres mots, la justice environnementale et la justice sociale se fredonnent sur le même air. Les écoféministes sont aux premières loges d’une nouvelle révolution verte à la fois globale et écologique.
Il est de plus en plus clair que la valorisation des principes de pouvoir et de domination de la nature qui ont engendré le capitalisme ont laissé des marques indélébiles sur notre environnement. En voulant contrôler la terre pour nous permettre de consommer toujours plus, nous l’avons appauvrie et polluée. Les adeptes de ce nouveau féminisme écologique s’entendent pour dire qu’il est urgent de changer de lorgnette et de redonner une juste place aux valeurs de non-violence, de coopération et de respect des autres. Mère nature et sa progéniture humaine ne s’en porteront que mieux.
Une spiritualité enracinée dans la terre
Dans le contexte de la crise environnementale actuelle, de plus en plus de femmes prônant des valeurs écologiques sentent le besoin de diriger leur spiritualité vers des croyances qui valorisent le féminin. L’une des figures mythiques les plus populaires est sans doute Gaïa, la Terre-Mère. L’hypothèse de Gaïa pose la terre entière comme un organisme vivant dont les humains sont les yeux et la conscience.
À l’instar des religions prétendant que le changement véritable vient d’en haut, d’un pouvoir suprême sans visage qui nous déresponsabilise face à notre avenir, cette nouvelle spiritualité éminemment écologique, soutient que le changement s’effectue par la base, par chacun d’entre nous. Qu’il n’y a pas de vérité ultime, juste un tas de petites vérités. Les écoféministes estiment que le fait de sacraliser les gens et la nature transforme inévitablement notre relation avec notre environnement et induit le respect de la vie sous toutes ses formes.
Une des clefs de ce renouveau spirituel est la place qu’on accorde aux rituels qui honorent la nature et le féminin : d’où ces rassemblements de sorcières écolos sous la pleine lune pour chanter et célébrer la vie qui bat. Plusieurs écoféministes voient ces rituels comme de puissants outils de réappropriation du pouvoir au féminin.
Quand Dieu était une femme
On dit que la 1è religion aurait vénéré une femme. Pas étonnant! Plusieurs chercheurs s’entendent pour dire que dans les tribus dites primitives, le lien entre l’acte sexuel et la conception n’a pas toujours été connu. Dans son livre La femme solaire, Paule Salomon explique qu’à une époque où la filiation du père n’existait pas encore, la femme était considérée comme l’unique source de vie et vénérée comme telle. Dans les premiers cultes religieux qui semblent avoir pris la forme d’un culte des ancêtres, la femme fut alors déifiée comme le premier ancêtre. Selon madame Salomon, les sociétés honorant la Déesse mère auraient d’ailleurs été des sociétés égalitaires et sans violence. Pas étonnant qu’à une époque où la violence explose un peu partout sur la planète, le retour au mythe de la terre-mère ait un tel succès…
Mais toutes ne sont pas également entichées à l’idée de ce néo-paganisme à saveur féministe. N’est-il pas dangereux qu’une fois identifiées à la terre mère, les femmes se sentent obligées de sauver le monde? Mesdames, si telle est votre ambition, c’est tout à votre honneur mais sachez que le burn out vous guette! ;-)
Choisissez votre camp
Les principaux chevaux de bataille de ce mouvement de femmes écoféministes croisent les notions de développement durable, de pensée holistique et d’écologie profonde dont on parle de plus en plus. Qu’on le veuille ou non, l’état du monde nous pousse inévitablement à remettre en question notre rapport à la nature. Au sentiment de toute puissance vis-à-vis la nature qui a suivi la révolution scientifique du XVIIè siècle succède aujourd’hui un sentiment de culpabilité et d’humilité. Face à la situation, l’écoféminisme nous propose un retour à l’action locale et à la pensée globale. La pierre angulaire du mouvement : lier l’intérieur et l’extérieur, le soi avec les autres, l’ordinaire et le sacré, la personne et la planète. Est-ce que ça vous parle?
Mais revenons à la thèse principale des écoféministes qui dit que l’exploitation des femmes dans le monde est indissociable de celle de la nature. On en a un exemple concret quand on pense que l’utilisation de tampons hygiéniques affecte à la fois la santé des femmes et celle de la planète… ça donne à réfléchir, non ?
D’ailleurs, il y a fort à parier que pendant leurs danses à la pleine lune, nos nouvelles sorcières écoféministes « dans leur semaine » portent des culottes de menstruation Mme L’Ovary au lieu des serviettes et tampons jetables. Question de minimiser l’impact environnemental de leur cycle féminin. Question de protéger leur santé. Question aussi d’être cohérente avec leurs convictions d’un lien évident quoiqu’invisible entre les femmes et la nature. Period.