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Le cancer du sein… parlons-en!

1 personne avec utérus sur 8 va développer un cancer du sein au cours de sa vie. Le cancer du sein est le cancer le plus diagnostiqué au monde (OMS, 2021). 

On est d’accord, ces statistiques frappent. Rassurez-vous : ce n’est pas un appel à cultiver la peur, mais plutôt une petite cloche pour se renseigner en communauté. Mieux on s’informe, plus on a de chances de détecter le cancer du sein tôt et de bien le traiter. 

C’est pour cette raison que, lors de notre dernière Table Rouge (ou devrais-je dire Table Rose!), nous avons reçu Marie-Hélène Vaillancourt de la Fondation cancer du sein du Québec qui nous a expliqué comment observer nos seins. On a aussi eu la chance d’entendre la Dr. Gillian Flower, qui a abordé avec douceur la naturopathie oncologique. Finalement, Sophie Reis, qui a traversé un cancer du sein, nous a partagé son parcours de guérison inspirant en prenant soin de nous faire découvrir un outil révolutionnaire… le casque réfrigérant! 

💡 Cet article est un récapitulatif des évènements mensuels "Table Rouge", organisés par Mme L'Ovary.💡

La Table Rouge est un espace de discussion éducatif, sécuritaire et inclusif pour rassembler et aborder des sujets encore souvent tabous. La parole est entièrement laissée aux experts invités, ainsi qu’à la communauté présente. Ces propos sont le reflet d'opinions et en aucun cas, ne doivent être considérés comme des recommandations médicales.

Qu’est-ce que le cancer du sein ?

Un cancer, c’est une croissance anormale et incontrôlable des cellules. Ça cause la formation de tumeurs et le dysfonctionnement des organes. Dans le cas du cancer du sein, la tumeur (la souche) va se développer dans le sein. 

Avec le temps, la cellule cancéreuse grossit et il y a des risques qu’elle sorte du sein et qu'elle migre vers d’autres organes du corps. C’est là qu’on parle de cancer du sein de stade 4, ou cancer métastatique. À ce stade avancé, le cancer est incurable (il y a tout de même beaucoup d’espoir en termes d’espérance de vie). C’est pourquoi c’est important d’être à l’affût des symptômes pour pouvoir détecter le cancer le plus rapidement possible. 

D’ailleurs, merci de lire cet article! C’est tellement important de s’informer. Savoir = pouvoir.  

On a souvent l’idée préconçue que le cancer du sein est facile à traiter. Mais il faut savoir que c’est un cancer multifactoriel, il n’y a pas qu’un seul type. Plusieurs facteurs sont en cause : le stade (niveau d’infiltration du cancer), le grade (la vitesse à laquelle les cellules croissent), le récepteur (la cellule répond aux hormones d’œstrogène, de progestérones, aucune des deux, etc.). Bref, parlons-en pour mieux le comprendre! 

Suis-je à risque ?

Tout le monde est à risque (oui, oui! Qu’on soit jeune ou moins jeune, de sexe masculin ou féminin.) D’ailleurs, 1% des cas de cancer du sein touche les personnes de sexe masculin. 

Certains facteurs sont hors de notre contrôle tandis que d’autres dépendent de nos choix et de nos comportements et peuvent augmenter ou diminuer le risque. 

Facteurs hors de notre contrôle

  • Être de sexe féminin : le cancer du sein le plus répandu répond aux hormones d’oestrogènes et/ou de progestérones, qui sont des hormones féminines; 
  • Âge : on peut développer un cancer du sein en bas âge, mais selon les statistiques, les personnes âgées entre 50 et 69 ans sont les plus à risque; 
  • Récidive : Avoir déjà eu un cancer du sein;
  • Antécédants : avoir des antécédents familiaux de cancer du sein; 
  • Mutations : Les mutations génétiques; 
  • Menstruations: Avoir ses premières menstruations jeunes (avant 12 ans) : mais ne vous en faites pas, c’est seulement un facteur parmi d’autres!
  • Ménopause : Une ménopause tardive (après 55 ans);
  • Densité mamaire : Avoir une densité mammaire élevée; niveau de tissus graisseux dans les seins plus élevé (à ne pas confondre avec de gros ou petits seins!) 

Facteurs sur lesquels on a un certain contrôle 

  • Limiter sa consommation d’alcool; 
  • Limiter sa consommation de tabac; 
  • Faire de l’activité physique (les études scientifiques le démontrent, c’est extrêmement bénéfique!);
  • Avoir été exposé à un jeune âge à des rayonnements ionisants augmente le risque (par exemple, la radiothérapie); 
  • L’hormonothérapie substitutive (traitement pour diminuer les effets sévères de la ménopause) augmente le risque;
  • Première grossesse à terme tardive (après 30 ans) ou aucune grossesse (mais hey! Pas de pression à enfanter ici!); 
  • Allaiter diminue le risque. 

Comment fait-on l’observation des seins ?

Vous avez peut-être déjà entendu parler d’”auto-examen” des seins. C’était l’ancienne méthode. Cette technique précise de palpation des seins n’est plus recommandée, parce qu’il n’a pas été démontré qu’elle augmentait les chances de dépister le cancer du sein. 

En fait, la masse est souvent le premier symptôme, mais elle est parfois très petite et donc difficile à détecter. On s’entend sur un point : on a tellement de bosses dans les seins, c’est comme trouver une aiguille dans une botte de foin (ou plutôt une boule défectueuse dans une piscine à boules!). En plus, tous les seins sont uniques. 

La nouvelle méthode est donc… l’observation! En d’autres mots, on devient l’experte de ses propres seins! Comment on fait ça? En explorant toute la région des seins, de la clavicule, aux aisselles, en passant par les mamelons. La bosse est UN des symptômes, mais il y a d’autres signes à observer : 

  • C’est quoi la texture de ma peau? Parfois, en présence d’un cancer du sein, la texture de la peau peut changer et devenir plus rugueuse, comme une peau d’orange.
  • Est-ce que mon mamelons se rétracte vers l’intérieur? Y-a-t’il un écoulement anormal? 
  • Est-ce que je peux percevoir un creux, une enflure, une rougeur, etc.? 

Les mots clés sont : un changement récent et qui persiste dans le temps, qu'on n’est pas capable de s’expliquer. En cas de doute, la meilleure chose à faire est d’aller voir votre médecin. Dans 90% des cas, le symptôme mammaire est bénin, mais c’est mieux de vérifier et d’avoir l’esprit tranquille! 

Bref, prenez le temps de connaître votre corps et de savoir comment sont vos seins quand ils sont sains. Le but de l’observation des seins n’est pas de trouver des bobos, mais bien de se connaître entièrement. C’est ensuite plus naturel de détecter un changement au lieu de le chercher dans la peur! 

Concrètement, on peut s’observer en levant les bras, en se regardant dans le miroir, en notant l’aspect physique de nos seins au fil de notre cycle menstruel, etc. Vous remarquerez que certaines douleurs aux seins sont normales et récurrentes, comme la sensibilité accrue des seins lors des menstruations. On peut même profiter de ce moment pour donner de l’amour à nos seins. Observation + auto-infusion d’amour, c’est toujours bénéfique! ♡ 

Les clés pour accompagner un proche vivant avec le cancer

  • Écouter, c’est la clé : On ne peut malheureusement pas faire de miracle. L’essentiel, c’est le prendre le temps d’écouter la personne malade et de valider ses besoins. Je pourrais faire telle chose, en as-tu vraiment besoin? Qu’est-ce qui t’aiderait ou qui te ferait plaisir? 
  • Aider dans les tâches tout en respectant ses propres limites : Proposer d’aider dans les tâches quotidiennes peut être un moyen de supporter la personne (ménage, enfants, épicerie, repas, etc.), mais c’est super important de ne pas s’en mettre trop sur les épaules. On ne peut pas prendre soin de l’autre si on ne prend pas soin de soi.
  • S’informer sur le type de cancer : En savoir plus sur la maladie, les symptômes, les traitements aide à se mettre dans la peau de la personne et donc, à être plus à l’écoute de ses besoins. 
  • Faire connaître les services de la Fondation cancer du sein du Québec. Pssst! La Fondation offre aussi du soutien psychologique pour les proche-aidants. 

Les services offerts par la Fondation cancer du sein du Québec

La mission de la Fondation est d’améliorer la qualité de vie des personnes touchées par le cancer du sein (autant les gens atteints que leurs proches), en leur offrant une panoplie de ressources : 

  • Ma Santé Active : communauté de personnes atteintes du cancer du sein qui s’encouragent à faire de l’activité physique. 
  • Programme de yoga oncologique adapté 
  • Programme cancer du sein métastatique
  • Programmes d’aide financière 
  • Soutien psychologique
  • Clinique virtuelle : soutien de médecins et infirmières en ligne
  • Éducation et sensibilisation 

Des stratégies naturelles en complément aux traitements conventionnels

La chimiothérapie, la radiothérapie et la chirurgie mammaire sont des traitements absolument considérables dans le processus de guérison. Malheureusement, ces traitements ont aussi des impacts non négligeables sur la qualité de vie des personnes qui les suivent. C’est là que les stratégies naturelles entrent en jeu! 

La Dr. Gillian Flower travaille comme naturopathe au Center for Health Innovation (Ontario), avec la mission d’aider les personnes à sortir des traitements avec le plus de bénéfices et le moins d’effets secondaires possible. Les répercussions de la chimiothérapie (engourdissements, douleurs, changements hormonaux, bouffées de chaleur, etc.) peuvent être adoucies grâce aux plantes et à une alimentation adaptée. Les alternatives naturelles peuvent aussi être efficaces pour éviter des récidives suite à la rémission. 

Les stratégies naturelles sont variées :

  • Modifier son alimentation 
  • Intégrer des extraits de plantes 
  • Consommer des vitamines et suppléments naturels 
  • Gérer le stress par diverses méthodes de méditation 
  • Recevoir des traitements d’acupuncture (avant et après la chimiothérapie)
  • Faire de la physiothérapie post-chirurgie (entre autres pour prévenir le lymphoedème)  
  • Etc. 

À toutes les personnes qui ont reçu un diagnostic, sachez qu’on peut avoir une bonne santé en même temps d’avoir le cancer. L’un n’exclut pas l’autre. 

L’une de nos précieuses collaboratrices, Valérie LeBlanc, a été accompagnée en naturopathie oncologique par Dr. Flower lors de son processus de guérison. Elle jase avec Érica de la réalité du cancer du sein, dans un témoignage vulnérable et débordant d’espoir

Être acteur.trice de son parcours de soin : un grand pas vers la guérison

À l'automne 2020, Sophie Reis reçoit un diagnostic de cancer du sein agressif (trouvé de façon fortuite sans aucun antécédent familial) qui a complètement changé sa vie. Elle a fait de cet événement incontrôlable… un cadeau. Elle a transformé sa réalité censée être lourde et triste en une source infinie d’enseignements, qu’elle partage sur sa plateforme Un cancer en cadeau.  

Sophie Reis - un cancer en cadeau

Lorsqu’elle a reçu son diagnostic, le premier réflexe de Sophie a été de monter une tribu de femmes qui ont traversé le cancer du sein, pour s’éduquer et s’informer. Selon elle, on a le devoir en tant que patient.e d’éveiller sa conscience et de rapatrier les informations. 

“S’empowerer c’est essentiel : être actrice de sa guérison, c’est être actrice de son parcours de soin.”  

L’un des plus précieux conseils qu’elle nous partage, c’est de ne pas rester passif.ve dans la maladie. D’être curieux.euses et d’aller voir ce qui se fait. On n’a pas besoin d’avoir des réponses, mais c’est important d’arriver avec des questions dans le bureau de son oncologue pour faire équipe avec elle/lui. Dans une culture où l’on place les médecins sur un piédestal, elle croit que c’est nécessaire de travailler d’égal à égal avec eux/elles. 

Elle a donc bâti une équipe multidisciplinaire de 13 spécialistes pour prendre en charge sa santé. “Je suis devenue la présidente de ma santé, et j’ai bâti le meilleur conseil d’administration autour de moi!” Naturopathe, homéopathe, acupuncteur… name it! Il faut dire qu’elle a l’âme d’une entrepreneure, et c’est inspirant de voir que son processus a pris ses couleurs.

Le casque réfrigérant : garder ses cheveux malgré la chimiothérapie

Perdre ses cheveux est souvent une étape émotionnellement éprouvante pour les personnes en chimiothérapie. Bonne nouvelle : une solution bien concrète existe! Je sais, c’est surprenant puisqu’au Québec, on n'en entend pratiquement pas parler!  

Ça fait près de 30 ans que la technique du casque réfrigérant est utilisée en Europe pour protéger les follicules. Au Canada, elle a été approuvée par la Food and Drug Administration (FDA) en 2015, et il y a un fournisseur qui s’est implanté à Toronto il y a deux ans. 

En bref, c’est un bonnet glacé que la personne se place sur la tête pendant et après la chimiothérapie (à environ -30ºC, attendez-vous à une visite au pôle Nord l’instant de quelques heures!). Le froid diminue l’afflux sanguin dans le cuir chevelu, et donc l’afflux de molécules de chimiothérapie dans cette région. Les résultats sont assez incroyables! 

C’est un droit de pouvoir prendre une décision éclairée. Et pour être en mesure de le faire, on se doit d’avoir l’information. Si vous avez envie de vous informer davantage, Sophie Reis a regroupé une panoplie d’informations au sujet du casque réfrigérant pour permettre à ses sœurs de sein et ses futures sœurs de casque de faciliter leur vie.

Pour conclure, le diagnostic ne nous définit pas 

Avoir un diagnostic du cancer du sein n’est pas un cadeau, mais ce n’est pas obligé d’être toujours sombre. Ça se peut que ça aille bien aussi. Il y aura certainement des jours plus difficiles que d’autres, mais en s’entourant de personnes bienveillantes et en s’informant, il y aura des jours plus roses. 

Pour terminer, un petit rappel d’aller observer vos seins et de leur donner de l’amour au passage! Les seins sont les organes les plus près du cœur, ils méritent qu’on en prenne soin.  

Quelques ressources