Deux mains au-dessus d’un clavier d’ordinateur portable avec un utérus au crochet déposé à côté.

Le dépistage du VPH, allié d’une bonne santé reproductive | Mme L'Ovary

Au début de l’année 2024, nous étions deux dans la team L’Ovary à se faire annoncer, à quelques semaines d’intervalle, la présence de cellules dites anormales sur le col de nos utérus respectifs.

En gros, nous avions toutes deux contracté un VPH à un moment ou à un autre de notre vie, et celui-ci, persistant, était en train de se transformer en… cancer.

Dans les deux cas, il fallait traiter au plus vite.

Inutile de dire que ces annonces ont suscité plein de questions et de discussions de part et d’autre.

De cela, un élément est ressorti : on ne nous dit pas assez combien il est crucial de passer des tests réguliers de dépistage du VPH, et à quel point notre santé reproductive en dépend.

Voici donc notre petit b.a.-ba du dépistage du VPH et pourquoi il est important de le faire régulièrement.

Le VPH, qu’est-ce que c’est?

«VPH» est un acronyme pour «virus du papillome humain».

C’est une infection contagieuse très répandue, plus répandue, en fait, que toutes les autres formes d’ITSS réunies, selon la Société canadienne du cancer.

Le VPH peut se transmettre lors de relaxions sexuelles vaginales et anales, mais également par contact buccogénital et par contact direct des organes génitaux, et ce, indépendamment du sexe ou du genre.

Si des symptômes du VPH se développent, ils peuvent prendre la forme de petites bosses aux allures de verrues, de démangeaisons et d’irritations, et parfois de lésions invisibles à l'œil nu sur le col de l’utérus.

À ce jour, on connaît plus de 200 types de VPH, et environ 40 d’entre eux peuvent infecter les organes génitaux. C’est d’ailleurs un VPH qui serait la principale cause de cancer du col de l’utérus.

Est-ce que VPH et cancer vont de pair?

Pas nécessairement. Dans les faits, les VPH sont classés en deux catégories : ceux dits «à faible risque» et ceux dits «à haut risque».

Les VPH à faible risque sont plutôt inoffensifs et peuvent causer des problèmes de santé bénins comme des condylomes, ces fameuses petites verrues génitales externes, qui se traitent généralement bien.

Les VPH à haut risque, eux, peuvent malheureusement entraîner des complications plus graves et même être à l’origine de certains cancers, notamment celui du col de l'utérus, qui est le plus connu.

Il est important de noter que la plupart des infections à VPH sont asymptomatiques et disparaissent d’elles-mêmes sans causer de problèmes de santé.

Image grossie au microscope de cellules cancéreuses.


Comment ça se dépiste, un VPH?

Différents tests peuvent être effectués pour détecter le VPH, mais voici les deux principaux : le test Pap, assez connu, et un test relativement nouveau, le test VPH.

Le test Pap

Le test Papanicolaou ou test Pap, également connu sous le nom de «frottis cervical», détecte le cancer du col de l’utérus, qui est lui-même le plus souvent causé par un VPH.

Il est réalisé par un.e médecin, un.e gynécologue ou un.e infirmier.ère, qui effectue un prélèvement de cellules au niveau du col de l'utérus.

Pour ce faire, iel insère un petit instrument appelé spéculum à l’intérieur du vagin, ce qui lui permet de bien visualiser le col, puis prélève un échantillon de cellules à l'aide d'un écouvillon ou d'une brosse spéciale.

Ces cellules seront ensuite examinées au microscope pour détecter tout signe d'anomalie ou de lésion précancéreuse qui pourrait être causée par une infection au VPH.

L’intervention dure quelques minutes en tout, et bien que ça puisse être inconfortable, ce n’est généralement pas douloureux.

Toutefois, les sensations varient d'une personne à l'autre, alors si tu ressens de la douleur pendant le test, n'hésite pas à le mentionner, et la ou le professionnel.le pourra ajuster sa technique ou t’aider à te rendre plus confortable.

On recommande de faire un dépistage par test Pap tous les deux ou trois ans.

Le test VPH

Le test VPH est relativement nouveau dans le monde médical, et on n’y a pas encore systématiquement recours partout.

À l’instar du test Pap, il consiste en un prélèvement de cellules sur le col de l'utérus. Là où il se distingue, c’est qu’il intervient bien plus tôt, avant même le développement d’un cancer.

En effet, le test VPH peut détecter la simple présence de VPH à haut risque dans l’organisme, permettant d’agir encore plus rapidement et en prévention.

Il est recommandé de passer un test VPH tous les cinq ans, sauf pour les personnes de moins de 30 ans, pour qui le test VPH n’est pas recommandé.

Comment savoir quel test passer?

Le test Pap était, jusqu’en 2023, le test de dépistage primaire du cancer du col de l’utérus causé par le VPH au Québec.

Toutefois, suite à une recommandation émise en 2022 par l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS), le test VPH remplace progressivement le test Pap comme premier test de dépistage de ce type de cancer.

Le remplacement est en cours depuis 2023 et devrait être complété en 2025.

Par la suite, le test Pap pourrait continuer d’être utilisé comme examen complémentaire dans certaines situations.

Il est important de noter que le VPH, contrairement à d’autres infections, ne peut pas être détecté par une simple prise de sang.

Un.e professionnel.le de la santé pourra te guider et te dire quel test est le plus approprié pour toi, alors n’hésite pas à poser la question à taon médecin.

Au moment de la publication de cet article, il n’est pas possible de faire d’autoprélèvement dans le cadre d’un test VPH au Québec.

Qu’en est-il pour les hommes?

Bien que le VPH soit plus souvent associé aux femmes et aux personnes avec un utérus en raison de son lien étroit avec le cancer du col, il peut infecter toutes les personnes, indépendamment du sexe.
Toutefois, il n’existe encore à ce jour aucun test de dépistage du VPH homologué pour hommes ou pour personnes avec un pénis.

Une femme médecin observe un échantillon au microscope.

Le VPH, est-ce que ça se guérit?

À ce jour, il n’existe aucun traitement pour les infections à virus du papillome humain. Le traitement du VPH consiste donc plutôt à traiter les symptômes causés par le virus qu’à traiter le virus lui-même.

Or, dans la plupart des cas, le système immunitaire parvient seul à éliminer le virus de l’organisme, un peu comme pour un rhume, sans qu’il n’y ait de symptômes.

Cependant, mieux vaut ne prendre aucune chance et se faire dépister régulièrement, car si des anomalies ou des lésions précancéreuses sont détectées, des examens approfondis ou un traitement approprié pourront être proposés afin de prévenir toute complication.

En voici quelques exemples.

L’exérèse électrochirurgicale à boucle

L’exérèse électrochirurgicale à boucle, communément appelée «LEEP», est une procédure qui consiste à retirer les cellules anormales du col de l'utérus à l'aide d'un fil chaud appelé «anse diathermique».

Cette procédure est souvent utilisée pour traiter les lésions précancéreuses de bas grade.

La conisation

La conisation est une intervention chirurgicale qui consiste à enlever la partie du col de l'utérus qui contient les cellules précancéreuses.

Cette procédure est souvent recommandée lorsque les lésions précancéreuses sont de haut grade ou lorsqu'il est nécessaire d'obtenir des échantillons de tissu pour une analyse plus approfondie.

La cryothérapie

La cryothérapie est une technique qui consiste à tuer les cellules anormales du col de l'utérus à l'aide d'un gaz froid.

Cette procédure peut être utilisée pour traiter les lésions précancéreuses de bas grade.

La cautérisation au laser

La cautérisation au laser est une procédure qui utilise un faisceau laser pour détruire les cellules anormales du col de l'utérus.
Cette technique peut être utilisée pour traiter les lésions précancéreuses de haut grade.

Un pansement est apposé sur une épaule suite à l’injection d’un vaccin contre le VPH.

Comment prévenir une infection au VPH?

Il n’existe pas de manière unique et efficace à 100 % pour prévenir une infection au VPH.

Différentes solutions peuvent cependant être mises en place pour réduire son exposition et minimiser ses chances de complications, dont voici les principales.

Se faire vacciner

La vaccination contre le virus du papillome humain est l'un des moyens les plus efficaces de prévenir les infections, tous sexes confondus.

Ce vaccin est recommandé pour toutes les personnes, et ce, dès l’âge de 9 ans, idéalement avant 14 ans, avant même le début de l’activité sexuelle.

Le vaccin protège contre certains types de VPH dont ceux responsables des condylomes et de la plupart des cas de cancer du col de l'utérus.

Au Canada, deux vaccins contre les VPH sont distribués : Gardasil 9 et Cervarix.

Adopter des pratiques sexuelles sécuritaires

En utilisant des préservatifs pendant les rapports sexuels, on réduit le risque de transmission du VPH.

Cependant, il faut savoir que cette solution n’est pas miraculeuse et ne fournit pas une protection totale, car le virus peut également se propager par un simple contact peau à peau des organes génitaux.

Limiter le nombre de partenaires sexuels

Limiter sa quantité de partenaires sexuels peut également réduire le risque d'exposition au VPH et à d'autres infections sexuellement transmissibles.

C’est une simple question de maths.

Se faire dépister régulièrement

Les tests de dépistage du VPH et les frottis cervicaux réguliers permettent une détection précoce et sont cruciaux pour aider à détecter les infections et les lésions précancéreuses causées par le VPH.

Ils sont donc à ne pas négliger.

Une personne tient un panneau devant son utérus sur lequel on peut lire la mention “Own it”.

Hors de danger… pour le moment!

La bonne nouvelle pour la collègue et pour moi, c’est que nous avons toutes deux été traitées à temps (nous vous en dirons plus dans un prochain article qui parlera entre autres de colposcopie et de conisation), et même s’il nous manque un tout petit bout de nous aujourd’hui, nous nous savons hors de danger, du moins pour le moment.

Mais nous sommes aussi conscientes que d’autres personnes n’ont pas cette chance.

Nous nous faisons donc un devoir d’insister sur l’importance de prendre soin de sa santé reproductive en se faisant dépister régulièrement pour le VPH.

Nous savons combien les procédures du genre peuvent être envahissantes et anxiogènes.

Sans parler des histoires de violences gynécologiques, qu’aujourd’hui on dénonce enfin, et c’est une bonne chose, mais qui sont sans doute un frein pour plusieurs d’entre nous lorsque vient le temps de prendre rendez-vous avec notre médecin.

Mais il faut garder en tête que les dépistages réguliers sont cruciaux pour prévenir le cancer du col de l'utérus (entre autres), et les vaccins contre le VPH sont aussi d’une grande aide.

Alors, ne laissons pas la peur de l'inconfort nous empêcher de prendre soin de notre santé reproductive, et surtout, n’ayons pas peur de nous affirmer dans le cabinet du médecin ou de la gynéco.

Nous nous connaissons nous-mêmes mieux que quiconque, alors ayons confiance et exprimons-nous. Notre corps nous en remerciera.

Puissance et santé à tous les utérus de la Terre!

With L’Ove,

Mme L’Ovary

 


Références :
Test VPH | Gouvernement du Québec
Virus du papillome humain (VPH) | Gouvernement du Québec
Transition du test Pap au test VPH - Dépistage du cancer du col de l'utérus -Professionnels de la santé - MSSS
Guide de prélèvements pour détection du VPH | CHU de Québec-Université Laval
Dépistage du cancer du col de l'utérus | Gouvernement du Québec