Faites-vous partie de ces personnes dont l’énergie est influencée par leur cycle menstruel ? Si c’est bien le cas, il se peut même que vous soyez gêné.e d’expliquer à vos collègues pourquoi une fois par mois vous vous sentez fatigué.e, stressé.e et que vous ayez simplement besoin de ralentir en buvant une boisson réconfortante. Pour plusieurs personnes, les douleurs menstruelles peuvent également jouer sur leur performance, ce qui peut être difficile à assumer dans une société de performance linéaire. Rassurez-vous, votre inconfort est légitime !
Dans cet article, Zeineb Khalfallah nous partage quelques conseils pour déstigmatiser les règles dans le milieu professionnel.
Les douleurs menstruelles encore tabous et source d’inconfort au travail
Selon une étude menée auprès de 21 573 jeunes femmes* en 2019, 40% des personnes interrogées ont déclaré que leurs menstruations avaient un impact sur leur performance en classe en matière de concentration et de capacité à passer des examens scolaires. 20% des participantes ont également souligné que les menstruations sont un des motifs d’absentéisme à l’école. Sidérant, non?
Malheureusement, parler de menstruations en public et plus particulièrement au travail reste encore sensible. Un sondage effectué en 2021 par OpinionWay pour “Dans Ma Culotte” sur la “réglophobie” le démontre parfaitement.
Selon cette étude réalisée auprès de Français.es âgé.e.s de 18 ans et plus, 55% des répondant.e.s pensent que parler de règles en public est inapproprié et 33% ont admis ne jamais en parler dans leur quotidien ! C’est quand même aberrant que parler de règles soit "inapproprié" alors qu’il s’agit d’un phénomène des plus naturels et une promesse de vie…
Bien que les menstruations soient encore un sujet tabou dans les milieux de travail et scolaires, il est important que les personnes qui souffrent d’inconfort au cours de cette période en parlent. Déstigmatiser les règles dans le domaine professionnel (ou académique) pourrait amener les entreprises (ou les écoles) à adapter leur mode de fonctionnement et à offrir des mesures flexibles à celleux qui souffrent de dysménorrhée ou d’autres inconforts liés aux règles (adénomyose, endométriose, etc.)
Quelles solutions pouvons-nous proposer à notre employeur afin de mieux vivre notre cycle menstruel ?
- Oser en parler
Une étude réalisée en 2019 a analysé l’impact de la dysménorrhée sur la performance au travail en sondant 32 748 femmes* néerlandaises âgées de 15 à 45 ans.
Résultat ? 14 % des personnes interrogées ont déclaré s’être déjà absentées du travail ou de l’école pendant leurs règles et près de 3,5 % ont souligné que ceci se reproduisait chaque mois.
Vous me voyez venir! Seulement 20,1 % de ces femmes ont parlé de l’impact de leurs menstruations à leur employeur pour justifier leur absentéisme ou leur manque de motivation.
Qu’en est-il de votre équipe ? Le sujet des menstruations au travail est-il facilement abordé au sein de votre département ? Pouvez-vous parler de vos symptômes de menstruations ou de l’impact du syndrome prémenstruel (SPM) sur votre humeur sans craindre d’être jugé.e ? Votre environnement de travail favorise-t-il le bien-être et la santé mentale ?
Ouvrez le dialogue avec vos collègues et proposez un canal de discussion spécialisé en bien-être menstruel ! Le geste ne vous coûtera rien, mais va sans doute créer un environnement de confiance au sein duquel les personnes menstruées pourront parler ouvertement de leurs attentes et de leurs émotions.
- Horaires flexibles
L’étude menée auprès des 32 748 femmes néerlandaises évoquée plus haut a également mis en lumière les attentes des personnes souffrant d’inconforts liés aux menstruations.
En effet, 67,7 % des répondantes ont évoqué les mesures flexibles (horaires flexibles, congés illimités, télétravail, etc.) comme étant une solution pour améliorer le bien-être menstruel. On est des êtres cycliques aux saisons intérieures qui fluctuent, et tels devraient être nos horaires de travail.
Vous pouvez donc en parler au responsable des ressources humaines de votre entreprise pour alléger vos menstruations (ou votre période pré-menstruelle, tout dépendant à quel moment de votre cycle vous sentez le besoin de support).
- Les congés menstruels
Hé oui, les congés menstruels existent et plusieurs entreprises valorisant la santé mentale au travail en proposent de nos jours. Je ne sais pas pour vous, mais ça me donne espoir en l’humanité! Bien que l’idée paraisse moderne, sachez qu’elle a vu le jour au Japon en 1947. Depuis, plusieurs pays ont suivi le mouvement comme la Corée du Sud en 2000, Taïwan en 2013, la Zambie en 2015, l’Italie en 2017, etc.
Le principe des congés menstruels consiste à proposer à ses employé.e.s menstrué.e.s deux journées de congés payés par mois.
Alors? Comptez-vous franchir le pas aujourd’hui et créer un canal de discussion spécial menstruations au travail? Nous vous encourageons à le faire pour normaliser le sujet et amplifier la voix de tou.te.s celleux qui souffrent de douleurs menstruelles. Stronger together! Et surtout, stronger lorsque nos émotions sont valides et écoutées toute l’année, pas seulement 3 semaines sur 4 ;)
*À noter: “Femme” est le terme employé dans les présentes études. Il désigne l’ensemble des personnes ayant un utérus, sans égard à leur identité de genre.