Lorsqu'on aborde le sujet des violences gynécologiques (mais également celui des violences obstétricales - VOG), le mot "violence" est frappant, puissant, intense, brutal.
Même s'il est nécessaire d'appeler un chat un chat, ce terme peut parfois dissuader une réflexion essentielle, tant chez les victimes que chez les auteurs de cette violence.
Certaines patientes victimes de violences gynécologiques n'arrivent pas toujours à mettre le doigt sur ce qu'elles ont vécu, car leur ressenti est souvent diminué, banalisé.
Les violences gynécologiques souvent subtiles et insidieuses, pouvant prendre la forme de propos culpabilisants ou infantilisants, de choix non éclairés, ou de rendez-vous précipités, laissant tout de même des séquelles.
Les violences gynécologiques sont un sujet tabou et trop souvent passé sous silence. Pourtant, il est crucial de lever le voile sur ces pratiques abusives et douloureuses qui affectent grandement la santé et le bien-être des personnes qui les subissent .
Cet article vise à informer et sensibiliser sur les violences gynécologiques, en expliquant ce qu'elles sont, comment les reconnaître et quelles sont les démarches à suivre pour y faire face.
Qu'est-ce que la violence gynécologique?
Les violences gynécologiques se réfèrent à un ensemble de pratiques abusives, humiliantes ou non consenties, perpétrées par des professionnels de santé dans le cadre des soins gynécologiques.
Elles peuvent prendre différentes formes, telles que des examens intrusifs, des commentaires dégradants, des pressions pour des choix contraceptifs ou des interventions médicales non nécessaires.
Elles englobent également le manque d'accès aux soins en obstétrique ou en gynécologie, où certaines personnes sont moins bien soignées voire non soignées, voire traitées avec mépris lorsqu'elles obtiennent des soins.
Il est important de savoir reconnaître les signes de violences gynécologiques afin de pouvoir les identifier et les dénoncer.
Parmi les indicateurs fréquents, on retrouve le non-respect du consentement éclairé, le manque d'information sur les procédures médicales, les commentaires dégradants, l'absence d'empathie et de respect de l'intimité.
L’impact physique et psychologique des violences gynécologiques
Les violences gynécologiques ont des conséquences néfastes sur la santé physique et psychologique. Elles peuvent entraîner des traumatismes, des troubles de l'anxiété, des troubles du sommeil, une baisse de l'estime de soi et une méfiance envers les professionnels de santé.
Impacts physiques des violences gynécologiques
Les actes de violence gynécologique peuvent causer des dommages physiques considérables. Les examens intrusifs, les gestes brusques et non consentis, les pratiques médicales invasives non justifiées peuvent entraîner des lésions, des douleurs intenses, des traumatismes physiques et des complications de santé. Ces impacts physiques peuvent avoir des conséquences durables, perturbant le bien-être et la santé globale.
Impacts psychologiques des violences gynécologiques
Les violences gynécologiques ont également des répercussions profondes sur la santé mentale et le bien-être émotionnel. Les actes abusifs, les paroles dégradantes, le non-respect de l'intimité et de la dignité peuvent engendrer des traumatismes psychologiques, des sentiments de honte, de colère, de frustration et d'impuissance.
Les personnes victimes de ces violences peuvent développer des troubles anxieux, des troubles de l'humeur, des troubles du sommeil, ainsi qu'une diminution de l'estime de soi et de la confiance envers les professionnels de santé.
La perte de confiance et le sentiment de trahison
Les violences gynécologiques créent un profond sentiment de trahison et de perte de confiance chez les personnes qui en sont victimes. Elles remettent en question la relation de confiance entre le/la patient·e et le/la professionnel·le de santé, ce qui peut entraîner une méfiance généralisée envers tout le corps médical.
La perte de confiance peut également se répercuter sur d'autres aspects de la vie, affectant les relations interpersonnelles et la santé sexuelle, l'accès aux soins médicaux et le suivi régulier des examens gynécologiques.
Les obstacles à la recherche d'aide
Les victimes de violences gynécologiques peuvent rencontrer des obstacles lorsqu'elles cherchent de l'aide. La peur de ne pas être crues, la stigmatisation, le manque d'informations sur les ressources disponibles, ainsi que les préjugés de genre peuvent décourager les femmes à exprimer leur vécu et à demander de l'aide.
Il est donc essentiel de mettre en place des structures de soutien adaptées, où les femmes peuvent trouver l'écoute, l'empathie et le soutien nécessaires.
La nécessité de la reconstruction et de la guérison
Face aux impacts physiques et psychologiques des violences gynécologiques, la reconstruction et la guérison sont des étapes essentielles pour les victimes.
Cela peut impliquer la recherche de soutien thérapeutique, de groupes de parole, de services de santé spécialisés dans les violences faites aux femmes.
Il est également important de promouvoir des pratiques gynécologiques respectueuses, basées sur le consentement, l'écoute active et le respect de l'autonomie des femmes.
Au Canada et en France, la réflexion est bien entamée et on encourage les bénéficiaires de soins gynécologiques à faire respecter leurs droits.
Que faire face aux violences gynécologiques ?
Il est essentiel d'agir lorsque l'on est victime de violences gynécologiques, même si ça peut être difficile. Voici quelques démarches à entreprendre.
Parlez-en
Il est important de ne pas garder le silence et de partager votre expérience avec des proches, des groupes de soutien ou des associations spécialisées. Le partage de vos témoignages peut aider à briser le tabou et à sensibiliser sur ces violences.
Cherchez un soutien professionnel
Consultez un professionnel de santé de confiance pour obtenir des conseils et un suivi médical adéquat. Si vous ne vous sentez pas écouté·e ou respecté·e, n'hésitez pas à changer de praticien·ne.
Signalez les violences
Dénoncez les violences gynécologiques auprès des autorités compétentes, telles que les ordres des médecins ou des gynécologues, les associations de défense des droits des femmes ou les instances de régulation de la santé.
Soutenez les mouvements de défense des droits des femmes
Engagez-vous dans des actions militantes pour promouvoir des soins gynécologiques respectueux et sensibiliser sur les violences gynécologiques. Ensemble, nous pouvons faire entendre notre voix et demander des changements concrets.
La route vers un avenir où chacun·e, quel que soit son genre, son orientation sexuelle, son ethnicité ou son statut social, serait traité· avec respect et dignité dans le domaine de la santé, et spécialement dans un domaine aussi intime que la gynécologie, est longue et sinueuse.
Les violences gynécologiques sont une réalité douloureuse qui affecte de nombreuses personnes. Mais chacun·e a est en droit de recevoir des soins gynécologiques respectueux, bienveillants et consentis.
En nous informant, en partageant nos témoignages et en demandant des changements, nous pouvons contribuer à mettre fin aux violences gynécologiques et à protéger les droits des femmes.
Ensemble, défendons notre droit à une santé gynécologique sans violence ni abus.
Quelques ressources
- Pour partager ton témoignage: http://stopvog.org/
- Pétition pour demander une politique à l’encontre des violences gynécologiques : https://www.change.org/p/stop-aux-violences-gyn%C3%A9cologiques-et-obst%C3%A9tricales