Après des années à parler des produits chimiques qu’on retrouve dans les protections menstruelles jetables, on est pas mal découragées d’apprendre que l’entreprise de culottes menstruelles lavables Thinx a été trouvée coupable de proposer des produits contenant des PFAS (pour avoir toute l’histoire, descend à la toute fin de l’article).
Quand il s’agit de l’écologie et de la santé des femmes, on est toutes sur le même front. On est ensemble des pionnières pour sauver la planète et aider les personnes menstruées à vivre leur cycle dans le respect de leur corps et de l’environnement.
C’est ultra décevant de constater de la négligence dans la conception de produits aussi intimes que des culottes menstruelles, et encore plus dommage que la négligence d’un gros joueur de l’industrie entache le nom de toutes les petites entreprises qui font les choses dans les règles de l’art (ou l’art des règles, hihi!).
Je lisais le découragement d’une journaliste dans un article sur le sujet, qui finissait sa chronique sur cette phrase d’une tristesse infinie : “on ne sait donc pas vraiment quels produits hygiéniques contiennent des PFAS ou d’autres substances nocives. Un argument qui ne rassure pas les personnes menstruées, qui ne savent plus où donner de la tête entre serviettes jetables ou réutilisables, culottes menstruelles, tampons ou coupes – chacun comportant son lot de risques. Il ne nous reste plus qu’à choisir notre poison…”
Ouch. Droit dans mon cœur de militante, d’entrepreneure, de passionnée de la santé féminine.
Parce que toutes les culottes menstruelles ne sont pas égales, et que plein d’entreprises d’ici et d’ailleurs proposent des produits d’une qualité formidable, certifiés sans produits chimiques et PFAS, on se propose de vous offrir un petit dossier sur le sujet, question de vous aider à choisir, en conscience, non pas votre poison mais votre antidote 🧪
Pourquoi est-ce que PFAS = danger?
Les substances perfluoroalkyliques et polyfluoroalkyliques, ou PFAS, sont des composés chimiques synthétiques organofluorés à stabilité chimique et thermique élevée, ce qui leur confère plein de qualités telles que des propriétés antiadhésives, imperméabilisantes et résistantes aux fortes chaleurs.
Des caractéristiques très recherchées par plusieurs industries (plus à ce sujet plus bas), qui ont rendu l’utilisation des PFAS très populaire pour un paquet de produits de consommation courante depuis les années 1950.
Les PFAS subsistent trèèèèès longtemps dans l'environnement et dans le corps humain, n’étant jamais métabolisées et s'accumulant au fil du temps. C’est ce qui leur vaut leur charmant surnom de produits chimiques éternels ou « Forever Chemicals ».
On en retrouve ainsi dans le sang et les organes de l’entièreté de la population globale, dans le corps des animaux sauvages comme domestiques, dans les eaux gelées des pôles et dans l’air de toutes les montagnes du monde.
Contamination aux PFAS
Les PFAS regroupent des milliers de composés différents, et plusieurs sont reconnus comme toxiques et écotoxiques par le gouvernement canadien, notamment Le PFOA, le PFOS et les acides carboxyliques perfluoroalkylés à longue chaîne (comme le PFNA et le PFDA), interdits au Canada et dans plusieurs pays d’Europe dans la fabrication, l'utilisation, la vente et l'importation de biens de consommation.
La contamination aux PFAS peut avoir plusieurs effets néfastes sur la santé (plus de détails là-dessus plus bas) et peut se faire en ingérant des aliments qui en contiennent, ou par contact indirect, comme toucher un tissu ou un produit qui en contient et porter les mains à sa bouche par exemple.
Des études suggèrent également une absorption cutanée directe possible, plus faible certes que par l’ingestion, mais bien réelle tout de même… d’où l’aspect alarmant de la présence de ces substances toxiques dans des produits intimes collés à nos muqueuses vaginales.
Dans quels produits retrouve-t-on des PFAS?
Les PFAS sont présents partout. Puisque l’eau potable, l’eau en bouteille et les poussières dans l’air en contiennent (via l’enfouissement de déchets, etc.) chaque humain en accumule au quotidien dans son organisme.
De plus, c’est toute une collection de biens de consommation qui en sont composés :
- des mousses utilisées pour éteindre les feux
- les surfaces antiadhésives (comme TeflonMC) des accessoires de cuisine
- les emballages alimentaires imperméables à l’eau et à l’huile (sacs de maïs soufflé, emballages de restauration rapide)
- des produits imperméabilisants ou antitaches pour textiles, tapis et meubles (comme Gore-TexMC et ScotchgardMC)
- des produits cosmétiques et de soins personnels comme le maquillage et… certaines culottes menstruelles :(
Pourquoi les PFAS sont-ils dangereux?
Quelques faits en rafale pour mieux comprendre la nature quasi éternelle et indestructible des PFAS…
Les molécules qui les composent sont des chaînes d’atomes de carbone et de fluor, un des liens chimiques les plus forts. Ces composés ne se dégradent donc pas facilement…
Laissés à eux-mêmes dans l’environnement, les PFAS peuvent mettre plus de 1000 ans à se dégrader. Pour les éliminer par la chaleur, il faudrait les chauffer à 1500°C.
On ne peut pas non plus les retirer de l’eau par des filtres pour le fer ou des systèmes d’adoucisseur au sel, ni par biodégradation, filtration micronique, filtration sur sable, ultrafiltration, coagulation, floculation, clarification et oxydation par la lumière ultraviolette (ils doivent être exposés toute une journée à des lampes UV pour se dégrader), hypochlorite, dioxyde de chlore, chloramine, ozone ou permanganate…
Toutefois, il existe des manières de les filtrer dans l’eau, notamment par osmose inverse, par des filtres au charbon activé ou par échange d’ions.
PFAS : effets sur la santé
Plusieurs effets nocifs sur la santé humaine ont été observés en lien avec la présence de PFAS (y compris de PFOS et PFOA) en plus grande concentration dans le sang. Notamment :
- Augmentation du cholestérol sanguin
- Augmentation des niveaux d’acide urique dans le sang (lié à l’hypertension artérielle)
- Augmentation des risques d’hypertension de grossesse et la prééclampsie
- Ralentissement de la croissance du foetus et de l’enfant
- Affections diverses du foie, de la thyroïde, du système reproducteur et du système immunitaire
- Diminution de la réponse immunitaire aux vaccins chez les enfants
- Potentiels effets sur le développement des glandes mammaires et du système reproducteur chez l’enfant
Certaines études ont même lié les PFAS au cancer, notamment du système reproducteur et des reins.
Comment les PFAS sont-ils éliminés par le corps?
Les niveaux de PFAS contenus dans le sang ne varient pas beaucoup dans le temps puisque ces composés toxiques peuvent demeurer plusieurs années dans l’organisme. Des études démontrent que près de 4 années sont nécessaires pour diminuer de moitié seulement la concentration de PFAS dans le sang d’un·e adulte.
Si les PFAS s’éliminent graduellement avec le temps, la grande majorité des êtres vivants continuent à en absorber plus qu’ils n’en éliminent, ce qui mène à des accumulations.
La majorité des types de PFAS quittent le système naturellement au fil du temps. Ils sont éliminés par l’urine (en plus grande quantité chez les gens en santé que chez ceux souffrant de maladies rénales) et par… les menstruations.
Eh oui, bonne nouvelle : les personnes menstruées éliminent plus de PFAS grâce au sang des menstruations! Remercions notre cycle pour cette belle détox mensuelle :)
L’histoire de Thinx
Bon, maintenant que les PFAS n’ont plus de secrets pour nous, voyons ce qu’ils font dans les culottes menstruelles Thinx.
C’est Jessica Choy, une femme qui portait les Thinx depuis 2016, qui eut un jour la suspicion qu’elles pouvaient contenir des PFAS.
Pour vérifier son hypothèse, elle achète des culottes neuves sur le site de Thinx et les fait livrer directement (question de ne pas pouvoir se faire reprocher d’avoir modifié les sous-vêtements avant de les faire tester) au labo de son collègue du American Chemical Society, Dr. Graham Peaslee de l’Université de Notre-Dame. À ce moment-là, on est en 2020.
Dr. Graham Peaslee, professeur de physique nucléaire appliquée, est connu pour avoir travaillé sur les PFAS dans les dernières années. C’est d’ailleurs lui qui a révélé la présence la PFAS dans des emballages alimentaires en 2017, et qui sert d’ambassadeur à la cause dans le film Dark Waters mettant en scène Mark Ruffalo (on l’y voit animer une discussion sur le sujet des PFOA).
Bref, le Dr. Peaslee découvre une quantité assez importante de PFAS dans les culottes menstruelles Thinx, en dépit des affirmations de la marque qui clame, dans ses publicités et sur son site Web, ne pas utiliser de PFAS dans ses produits.
Après que ces résultats aient été divulgués, une association de consommatrices demande une étude plus approfondie et l’ouverture d’une enquête. Le rapport qui conclut cette enquête confirme les résultats du Dr. Peaslee.
De plus, elle révèle également l’utilisation d’un agent antimicrobien (agION, composé d’argent et de cuivre) ayant lui aussi des effets néfastes reconnus sur la santé.
Thinx est en cour depuis mai 2022 et a finalement été condamnée, à la fin de l’année, à débloquer près de 5 millions de dollars pour dédommager les client·e·s ayant fait l’acquisition d’une de leurs culottes menstruelles entre le 12 novembre 2016 et le 28 novembre 2022.
Si vous faites partie de ces personnes, vous pouvez être partiellement remboursé·e (environ 7$ par culotte) si vous en faites la demande en ligne ou encore par la poste en téléchargeant le formulaire. Vous devez placer votre demande AVANT LE 12 AVRIL 2023.
Devant ces accusations, Thinx réagit en disant que les PFAS n’ont jamais fait partie de la conception de leur produit, et en soutenant que l’arrangement financier de plusieurs millions n’est pas un aveu de culpabilité.
Selon des recherches de Mamavation - un site web dont la vocation est de conduire des recherches et de commander des études indépendantes pour exposer les produits de consommation contenant des substances toxiques (dont les PFAS) et recommander les produits “propres” - Thinx a notamment présenté, à sa défense, des certifications qui n’étaient pas vraiment les siennes (une certification OEKO-TEX pour l’une des matières premières entrant dans la composition de ses produits, et une autre au nom d’une autre compagnie qui intervient dans son processus de fabrication).
Toutefois, le produit fini n’est pas certifié, et la certification que Thinx avance est L’UNE DES certifications OEKO-TEX, soit la Standard 100, qui permet tout de même une certaine concentration de quelques PFAS.
Vous pouvez visiter le site web officiel pour en savoir plus sur les certifications OEKO-TEX.
Après l’affaire Thinx, Mamavation a également fait tester plusieurs autres marques de culottes menstruelles (c’est la présence de fluorine qui trahit celle de PFAS dans les textiles). Voici les résultats (vous pouvez les consulter en détail sur le site de Mamavation) :
- Environ 65% des produits testés (11 culottes sur 17, toutes marques confondues) présentaient des niveaux détectables de fluorine dans la partie intérieure OU extérieure de l’entre-jambe.
- 3 de ces marques présentaient même de très grandes concentrations (de 100 à 940 ppm).
- 7 de ces marques présentaient de très faibles concentrations de PFAS, ce qui suggère une contamination croisée durant le processus de fabrication ou l’emballage.
Ce sont donc 6 marques sur 17 qui étaient complètement exemptes de PFAS. Une bonne nouvelle qui suggère, comme on le sait déjà chez Mme l’Ovary, que les PFAS ne sont absolument pas nécessaires dans la conception et la fabrication de culottes menstruelles efficaces.
Les PFAS dans les culottes menstruelles, comment choisir le bon produit?
C’était un jour bien triste pour l’industrie des culottes menstruelles que celui de la condamnation de Thinx.
Surtout qu’après les recours en justice, Thinx et plusieurs autres marques de culottes menstruelles ont simplement changé la description des culottes sur leur site au lieu de changer leur produit… Puisque ce ne sont que quelques PFAS qui sont interdits ici et dans plusieurs pays d’Europe, ces marques se dédouanent en retirant simplement la mention “sans PFAS” et autres précisions de leurs communications. 🙁
Le combat des pionnier·ères de la santé féminine pour des solutions plus vertes et meilleures pour nos corps en a pris un coup. Parce qu’en effet, si on ne peut pas faire confiance à 65% des compagnies, mieux vaut peut-être s’en tenir aux protections menstruelles plus classiques…
QUE NENNI! Mme l’Ovary se remonte les manches et se dresse sur le chemin du découragement (mais Dieu qu’on vous comprend) avec des culottes VRAIMENT saines pour nos corps. On n'utilise aucun PFAS lors de la fabrication des culottes, ni d'agents microbiens ou de traitements chimiques des tissus.
Dans les culottes Mme l’Ovary, il n’y a rien à cacher. Tout ce qui touche votre peau est 100% coton, et les couches internes de la culotte sont faites de coton, d’élasthane, de PUL et de polyester (le polyester est certifié OEKO-TEX Standard 100).
Chez Mme L'Ovary, nous sommes fières de vous offrir des culottes menstruelles ayant été certifiées sans PFAS et sans nanoparticules d'argent, et ce, pour le bien-être de votre corps et celui de la planète.
Alors ne désespérez pas, pionnier·ères à la recherche de la meilleure bobette menstruelle. Nous sommes quelques marques à répondre à votre appel, et à placer le standard où il se doit : des produits intimes aussi sains qu’ils sont confortables et jolis. ❤️