Le fameux syndrome prémenstruel… Plusieurs d’entre nous vivent cette phase du cycle assez difficilement, que ce soit à cause des symptômes physiques (crampes, fatigue, etc.) que les symptômes émotionnels (dépression, stress, irritabilité extrême). Qui se reconnait ici?
Sarah-Maria nous a partagé ses trucs d’herboriste-sorcière pour nous aider à soulager les symptômes de manière naturelle. Je vous jure : vous allez tomber un peu plus en amour avec les superpouvoirs de cette phase!
Le syndrome prémenstruel (SPM) : un terme patriarcal qui fait violence
Le problème, ce n’est pas la phase prémenstruelle en soi, c’est le monde patriarcal dans lequel on la vit.
Quand on parle de “syndrome”, on parle d’une maladie (le syndrome du côlon irritable, par exemple). Ça renvoie à l’idée selon laquelle notre phase prémenstruelle est pathologique. Difficile de bien la vivre quand on intériorise cette vision!
Bien sûr, la phase prémenstruelle n’est pas toujours joyeuse : on vit des inconforts, des sensibilités, et ça peut parfois être une expérience très souffrante. Loin de nous l’idée de diminuer les souffrances de celleux qui vivent un cycle difficile. Mais le premier pas pour adoucir cette phase, c’est de changer de vocabulaire et de perception.
Voici la vision qu’on vous propose : et si, au lieu de parler de “syndrome prémenstruel”, on parlait d’ “exacerbation prémenstruelle” (EPM) ? . L’exacerbation veut dire l’intensification ; la phase prémenstruelle est un moment où nos hormones augmentent ce qui est déjà en nous. Par cette vision fémininste, on sort de la médicalisation de la santé des femmes, et on comprend que ce sont seulement les hormones qui font leur job. Ce n’est pas une maladie.
Les hormones : qu’est-ce qui se passe concrètement dans nos corps?
L’oestrogène et la progestérone sont les hormones qui agissent le plus sur nos corps durant notre cycle. Bien entendu, chaque personne est différente, on n’a pas toutes le même graphique hormonal.
Voici comment ces deux hormones fonctionnent grosso-modo.
L’oestrogène : l’hormone de party
L'oestrogène stimule le système nerveux central, nous fait aller de l’avant, nous donne de la joie, fait briller nos cheveux… Bref, on l’aime bien!
Durant la première phase du cycle – qu’on appelle la phase folliculaire (du début de nos menstruations jusqu’à l’ovulation) –, l’oestrogène est dans son ascension vers la gloire. C’est la fête!
Puis BA-DA-BOUM! Dès l’ovulation (environ le jour 14), elle chute drastiquement (ou devrais-je dire dramatiquement!). Par la suite, elle remonte un peu durant la phase lutéale, et diminue de nouveau avant les menstruations.
La progestérone : l’hormone de la grande sensibilité
La progestérone est souvent la grande mal-aimée, celle qui nous donne envie d’arracher la tête de tous ceux qui osent nous faire une blague (oups, coupable!). On verra qu’elle peut aussi être un grand cadeau.
Durant la phase folliculaire, la progestérone est quasi-nulle. Dès l’ovulation, c’est à son tour de monter en flèche. La phase prémenstruelle est donc le royaume de la progestérone.
Tu remarqueras, “progestérone” sonne comme “progestion” et ce n’est pas un hasard! Elle veut favoriser la vie. Grâce à la symptothermie, on sait que notre température corporelle augmente à partir de l’ovulation, et tu sais qui blâmer. Alors que l'oestrogène construit la charpente de l’auberge à bébé, la progestérone augmente le chauffage de l’auberge (elle veut que la vie soit confo, quelle belle attention!).
Autre fun fact : c’est une hormone de compost. Quand l’ovocyte est relâchée par l’ovaire, la petite cape qui entourait l’ovocyte se ratatine, devient le corps jaune et fabrique la progestérone. Bref, la progestérone aide à composter! Elle intensifie les choses pour leur permettre de se transformer. Biologiquement, on est en train de composter le petit manteau, et on peut aussi composter dans notre tête tout ce qui ne nous sert plus! Merci progestérone!
Les symptômes physiques
Tu te reconnaîtras sûrement dans ces symptômes qui sont dûs à la diminution des oestrogènes et/ou à l’augmentation de la progestérone.
À noter que chaque personne réagit différemment : certaines sont sensibles à la progestérone, d’autres à l’oestrogène, d’autres à tout.
- Ballonnements ou douleur au bas du ventre;
- Seins douloureux;
- Rétention d’eau et prise de poids;
- Faim d’ogresse;
- Maux de tête.
Les symptômes émotionnels
- Humeur changeante;
- Irritabilité;
- Anxiété;
- Fatigue;
- Dépression;
- Moins envie de socialiser (tout à fait correcte, by the way!)
La progestérone exacerbe les choses. « Si quelque chose ne va pas depuis quelque temps, la progestérone va prendre le dossier qui est en dessous de la pile et le mettre sur le dessus avec un gros néon flash rouge pour qu’on n’ait pas le choix de le voir. » - Sarah-Maria LeBlanc
Souviens-toi que tu n’as pas l’oestrogène pour cacher tes émotions dans un high, alors c’est normal que tu te sentes plus sensible… C’est même un superpouvoir.
Les superpouvoirs de la phase prémenstruelle
Mettre le doigt sur nos besoins non répondus
La phase prémenstruelle est une alliée. C’est une occasion de plonger à l’intérieur de soi. On descend dans notre cave, avec notre flashlight ; et on regarde nos ombres, nos besoins non répondus.
Est-ce que taon partenaire ne t’aide pas assez dans les tâches ménagères ? Tu ne t’offres pas assez de moments pour toi ? Est-ce que tu aurais besoin d’un câlin en ce moment ? Bref, la progestérone a ce don de décupler notre sensibilité, ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise chose! Ça nous permet de voir ce qui est caché et de travailler sur nous-même.
Souviens-toi qu’il n’y a rien de fatal : ce sont seulement tes hormones qui exagèrent ce qui est là pour te permettre de mieux le voir.
Pssst! Ça peut être difficile d’aller vers l’intérieur, car c’est à contre-courant de notre monde. On est dans un monde d’oestrogène et de testostérone, de performance et d'extraversion. Mais tu as le droit de ralentir et de t’offrir des moments d’introspection, c’est même essentiel ♡
Recueillir nos visions
La phase prémenstruelle nous rend plus sensibles à l’invisible, à nos rêves. Quand on s’ouvre à notre sensibilité, on rencontre la prêtresse visionnaire. Celle qui est tournée vers l’intérieur et qui recueille les visions.
C’est le moment de cultiver tes projets pour le futur et tes intentions. Fais confiance à ton intuition!
Comment se soutenir durant cette phase
Apprendre à se choisir et mettre ses limites
C’est le bon moment pour mettre ton fomo (fear of missing out, ou bien la peur de manquer quelque chose) de côté! Autrement dit, apprends à dire non.
Suivre son cycle
En notant les diverses phases de ton cycle (dans un Journal menstruel, par exemple), tu pourras savoir quand tu seras dans ton EPM, et donc faire ton horaire en conséquence. On a toustes déjà overbooké notre agenda durant notre ovulation et regretté durant notre EPM ou nos menstruations 🤦♀️
Se reposer
Le sommeil a un impact sur l’intensité des inconforts prémenstruels. Pourquoi ne pas aller dehors un petit 10 minutes par jour pour faire le plein de mélatonine et donc, mieux dormir le soir!
Boire de l’eau
Ceci est ton signal pour aller te servir un grand verre d’eau. Ça fait toute la différence!
Faire de l’exercice physique
Le sport améliore la qualité du sommeil, réduit les ballonnements et a un impact très bénéfique sur l’humeur grâce à la production d'endorphines. Le yoga, la marche et toute autre activité est la bienvenue!
Bien se nourrir
On dit qu’on est ce qu’on mange. C’est encore plus vrai durant ton EPM!
Voici quelques aliments à prioriser pour stabiliser le feu en toi et te “grounder” : courges, patates douces, gingembre, grains entiers.
Il est aussi important de protéger ton foie : c’est lui qui métabolise les hormones, et il a de la job à faire durant ton EPM! Même si on a le goût de manger de la poutine et boire du vin, c’est le moment de manger le plus coloré et santé possible.
Prendre des suppléments
- Vitamine D : 4000 ui par jour
- Vitamines B (surtout B6) : 50 mg
- Oméga 3 : 1000 mg
- Magnésium : 300 mg
- Probiotiques
- I3C (détox estrogènes)
Les plantes médicinales alliées
Voici quelques plantes alliées de la phase prémenstruelle. Tu peux les consommer soit :
- en tisane, ce qui te permet de ritualiser le moment (1 cu. à thé par tasse, laisser infuser de 5 à 15 minutes, environ 3-4 tasses par jour) ;
- ou en teinture mère (entre 1 et 2 ml, 1 à 2 fois par jour).
Apprivoiser une plante, c’est comme apprivoiser un nouvel ami. L’effet sera plus efficace sur une plus longue période. De manière générale, après 3 mois, tu pourras voir si tu t’entends bien avec la plante 😉
Achillée millefeuille : la plante étoile
Pour ramener l’équilibre au niveau hormonal et adoucir l’EPM.
De manière plus poétique, on raconte que c’était une étoile qui voulait aller voir la Terre. La condition de sa mère la Lune était qu’elle revienne avant le lever du soleil. Quand le soleil s’est levé, elle trouvait ça tellement beau qu’elle a décidé de s’enraciner. C’est maintenant une étoile-fleur qui nous illumine de l’intérieur.
Indications :
- À prendre de l’ovulation jusqu’aux menstruations (ou tout le mois)
- Consommer les sommité fleuries
Propriétés :
- Amère : aide le foie à détoxifier les oestrogènes
- Progestéronique : parfait pour toi si tu as une sensibilité accrue à l'oestrogène
- Hémostatique : réduit les saignements (c’est aussi une plante intelligente, donc si tes saignements sont trop peu abondants, elle va les augmenter légèrement)
- Protège énergiquement et nous aide à préserver nos limites
Scutellaire : celle qui calme le mentale
Pour calmer l’agitation mentale, l’anxiété et les émotions fortes.
Indications :
- Plus efficace fraîche (en teinture, par exemple celle de la Clef des champs)
- On ressent ses effets après environ 2 semaines
- Pour de rares personnes, elle peut avoir un effet sédatif à grandes doses
Propriétés :
- Nervin : elle calme les nerfs
- Anxiolytique : elle ramène les choses à plat
Mélisse : la complice!
Prendre une tasse de mélisse, c’est comme prendre une bière!
Indications :
- Délicieuse en tisane, goûte le citron
- Effet immédiat
Propriétés :
- Calmante
- Anxiolytique
- Digestive
- Ouvre les portes du rêve
Pissenlit : la meilleure amie du foie
Certains diraient que c’est une mauvaise herbe, mais c’est tout le contraire!
Indications :
- Toutes les parties peuvent être consommées (les racines sont particulièrement délicieuses torréfiées à sec!)
Propriétés :
- Détoxifie les xéno-oestrogènes et tout ce qui est toxique : le pissenlit a le pouvoir de se lier aux métabolites toxiques, c’est-à-dire ce qui reste du travail du foie. Il les accompagne vers la porte de sortie (on le surnomme le bouncer des xéno-oestrogènes!)
- Aide aux ballonnements
- Diurétique : diminue la rétention d’eau
Agripaume : l’alliée du coeur
Idéale quand on se sent comprimé·e dans la cage thoracique.
Indications :
- Application locale (directement sur le cœur) et interne.
- Attention! La teinture est à privilégier ; si tu l’essaies en tisane, tu verras que c’est très amer!
Propriétés :
- Ouvre le coeur
- Diminue l’anxiété, on sent qu’elle crée de l’espace
- Tonique et léger stimulant utérin : prépare l’utérus pour les menstruations
- Amère : travaille sur le foie
Vitex (Gattilier) : la puissante de dernier recours
On veut toujours ce qui est le plus efficace le plus rapidement possible. Le vitex peut être super efficace, mais il ne travaille pas en profondeur et ne va pas à la source des choses.
On te conseille de commencer par un mélange des plantes précédentes, puis d’opter pour le vitex en dernier recours. Les herboristes prescrivent souvent cette plante aux personnes qui souffrent d’endométriose, du syndrome des ovaires polykystiques ou de fibromes (si c’est ton cas, tu peux prendre rendez-vous avec Sarah-Maria LeBlanc ou une autre herboriste de ta région).
Indications :
- Prend 3 mois à stabiliser : le premier mois, tu auras peut-être l’impression que tes symptômes sont pires
- Peut rendre les seins plus sensibles
Propriétés :
- Cette plante agirait directement sur la glande hypophyse
- Régule la communication entre l’hypophyse, l’hypothalamus et les ovaires
- Peut allonger les cycles et diminuer les saignements
Douce rencontre avec les plantes! N’oublie pas le pouvoir de l’intention en préparant tes concoctions ✨
Sarah-Maria LeBlanc
Sarah-Maria est une herboriste-thérapeute (HTA) spécialisée en santé des femmes et une praticienne psychosociale (M.A.). Depuis plus de quinze ans, elle accompagne les femmes à retrouver leur santé et leur équilibre dans une approche intégrative en gynécologie holistique. C’est une vraie “geek” des hormones féminines et de la nature et elle tisse des chemins de reliance entre les deux.
Quelques ressources
- Pour être tenue au courant de la formation Libre, Fertile et Autonome, il faut s’inscrire ici.
- En savoir plus sur Sarah-Maria LeBlanc : Instagram, Facebook, Site web, Youtube
- J’aime mes hormones (livre de Sarah-Maria LeBlanc)
- Sagesse et Pouvoirs du Cycle Féminin (livre de Marie-Pénélope Pérès et Sarah-Maria LeBlanc)
- Alchimiste en herbe (Herboristerie à Montréal)
- En savoir plus sur les xéno-oestrogènes : vidéo explicative et panel